La transition socioécologique : pour une adaptation durable et équitable de nos municipalités
04 juin 2025
4 minutes de lectureCet article a été rédigé par
- Margot Boudreau
La transition écologique : plus qu’une question de climat
Dans le passé, on a souvent perçu l’action face aux changements climatiques uniquement du point de vue environnemental. Aujourd’hui, on comprend que l’adaptation aux changements climatiques touche aussi toutes les sphères de la société.
«Il existe des inégalités sur les territoires tant dans l’accès aux services qu’aux infrastructures, affirme Sophie Van L. Neste, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en action climatique urbaine et chercheure principale du Labo Équité Climat. Quand on remonte dans l’histoire d’un territoire, on voit souvent qu’il y a certains secteurs (et certaines populations) qui sont systématiquement désavantagés. On doit donc dépasser cette approche universaliste qu’on a souvent tendance à utiliser. Si on veut l’équité, on doit vraiment cibler les populations et les secteurs qui sont marginalisés.»
C’est ici que la transition socioécologique entre en jeu. Ce principe vise à transformer nos milieux de vie pour en faire des espaces plus résilients et mieux adaptés aux impacts des dérèglements climatiques, et ce, de façon équitable pour tous les membres de la société.
La transition socioécologique à l’échelle municipale
Lorsqu’on souhaite entamer une transition socioécologique au sein d’une municipalité, on doit d’abord procéder à un certain travail d’introspection et de réflexion, explique Sophie Van L. Neste.
«La première étape pour entamer une action climatique qui est juste, explique la professeure, consiste à reconnaître que nous ne sommes pas tous égaux face aux changements climatiques. La deuxième étape, c’est de réaliser qu’en mettant en place nos politiques climatiques sur le plan municipal, on peut exacerber les inégalités.»
En effet, il est toujours important de se questionner sur les conséquences que peuvent avoir nos politiques sur les personnes en situation de précarité, qui sont déjà désavantagées en matière de logement ou par la façon dont on construit nos villes, et ce, même si, de prime abord, ces politiques sont bien intentionnées, comme celles liées au verdissement ou aux architectures vertes.
«Finalement, conclut-elle, on doit reconnaître les legs d’un développement urbain inégal dans le passé de notre municipalité et se mettre dans une posture de réparation.»
La réparation demeure une notion que nous sommes encore réticents à aborder au Québec, selon Sophie Van. L. Neste, mais qui demeure néanmoins essentielle afin d’avancer dans notre transition socioécologique.
Les infrastructures de soutien social
Si le cadre bâti est important, l’aspect social l’est tout autant. Pour cette raison, les infrastructures de soutien social sont des piliers incontournables de notre communauté.
Les infrastructures de soutien social comprennent les services de soutien communautaire et de santé, comme les centres communautaires et les hôpitaux, mais aussi les bibliothèques, les parcs et même les ruelles. Elles représentent les lieux et équipements publics qui contribuent à nourrir un milieu de vie sur le plan social.
Lorsque les conditions climatiques s’intensifient, ces lieux peuvent être d’un grand secours pour certains membres de la population. Lorsqu’il fait chaud, les parcs avec des arbres matures ou les établissements publics climatisés offrent une fraîcheur plus que bienvenue.
Quand une municipalité traverse une situation d’urgence, les hôpitaux sont bien sûr sollicités, mais, souvent, on utilisera également les écoles et autres bâtiments publics pour accueillir la population sinistrée. Dans cette optique, les infrastructures sociales se doivent d’être mises à profit lorsqu’on cherche à s’adapter en tant que municipalité.
«En cas de canicule ou d’inondation, explique Sophie Van L. Neste, c’est sur ces infrastructures qu’on va s’appuyer. Les changements climatiques exigent donc qu’on modifie nos services et nos infrastructures de soutien social afin de mieux les mettre en relation avec nos mesures d’urgence et nos politiques climatiques, et ce, sans négliger les populations plus vulnérables ou marginalisées.»
Les initiatives citoyennes de transition socioécologique
Il existe des initiatives citoyennes de transition socioécologique dans toutes les communautés du Québec, dans les grands centres comme dans les plus petites municipalités. Qu’elles soient à grand déploiement ou d’envergure plus modeste, elles peuvent avoir un impact appréciable sur la transition socioécologique. Mais surtout, elles contribuent à tisser des liens solides au sein de la collectivité.
«On voit des initiatives citoyennes liées à la transition un peu partout sur le territoire», note la professeure, dont les recherches ont permis d’en recenser de nombreuses.
Agir pour le climat… et pour les gens
La transition socioécologique vise donc la création de milieux de vie plus résilients et, surtout, plus équitables pour le bien-être de tous les membres de la collectivité. Et pour y arriver, chaque geste compte, qu’il soit individuel ou collectif.
Le sujet vous intéresse? Lisez l’entrevue intégrale avec Sophie Van L. Neste dans notre dossier spécial sur les changements climatiques. Elle y aborde notamment les notions d’initiatives citoyennes de transition socioécologique, l’environnementalisme du quotidien, et l’action citoyenne.
Dossier spécial : Les municipalités en action contre les changements climatiques
Un dossier complet destiné aux acteurs municipaux et aux partenaires du milieu. On y trouve des outils, des statistiques et des informations permettant un passage à l’action pour le mieux-être des communautés.