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Monde municipal : l’évolution des rôles et responsabilités face aux changements climatiques

04 juin 2025

5 minutes de lecture

Cet article a été rédigé par

  • Margot Boudreau

Entrevue avec Denis Marion, consultant, président du conseil d’administration de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), ancien président du Réseau québécois des Villes et Villages en santé (RQVVS) et ancien maire de la municipalité de Massueville, en Montérégie. 

 

Changements climatiques :  l'évolution des responsabilités municipales 

De nos jours, les municipalités s’impliquent dans de nombreuses sphères de la vie de leurs citoyens. Néanmoins, cela n’a pas toujours été le cas. En effet, le rôle des instances municipales a grandement évolué ces dernières décennies. Une évolution que Denis Marion qualifie de « naturelle », issue de différentes décisions prises par le gouvernement provincial depuis la fin des années 90. « Le gouvernement du Québec, précise-t-il, a d’abord demandé aux municipalités régionales de comté (MRC) et aux instances supralocales d’exercer des responsabilités dans différents domaines pour le soutenir dans son action gouvernementale, en commençant par le développement économique local et régional, avec la création et le renforcement des centres locaux de développement. » 

 

« Par la suite, poursuit-il, le gouvernement du Québec a adopté des mesures de politique familiale extrêmement importantes, pour lesquelles il a demandé le soutien du monde municipal en l’invitant à adopter des politiques familiales qui complétaient les siennes. Après cela, on a demandé aux municipalités de réfléchir à des politiques pour les aînés et les tout-petits, puis des politiques culturelles. On leur a aussi demandé de réfléchir à la question des environnements favorables, puisque l’environnement proximal est inévitablement du ressort du monde municipal. »  

 

Bien que la diversification des responsabilités municipales soit majoritairement liée aux actions du gouvernement provincial, il n’est pas le seul en cause. En élargissant le champ d’action des municipalités, on a éveillé l’intérêt des citoyennes et des citoyens face à ce qui se passait sur leur territoire. « Les citoyens ont commencé à demander à leurs instances municipales de réfléchir aux différents aspects qui touchaient à leur vie quotidienne, ajoute Denis Marion. Cet élargissement des créneaux d’intervention a incité de nouveaux citoyens à s’intéresser aux affaires municipales ».  

 

Passer du service aux propriétés au service aux personnes 

Alors qu’elles étaient auparavant responsables du service aux propriétés, soit la gestion des rues, des infrastructures, des aqueducs et autres, les instances municipales devenaient alors chargées du service aux personnes, quelque chose de « très nouveau dans l’action municipale au Québec », affirme Denis Marion. Naturellement, cette évolution du rôle des municipalités ne s’est pas déroulée sans faire de vagues. 

 

« Dans les années 1990 et 2000, quand les élus se sont vus invités à assumer de nouvelles responsabilités, souligne-t-il, plusieurs ne voyaient pas la pertinence de ces nouveaux rôles. Ce n’était pas dans la tradition municipale, au Québec, de s’occuper de ces dossiers-là. » 

 

« Mais depuis, observe Denis Marion, des changements générationnels ont eu lieu, tant chez les élus que chez les professionnels et les gestionnaires municipaux. Aujourd’hui, le monde municipal peut compter sur des gens qui font preuve d’ouverture et montrent de l’intérêt à l’égard des dossiers qui touchent la population. » 

 

Cette évolution des responsabilités est particulièrement marquante à l’ère des changements climatiques, alors que les municipalités sont de plus en plus confrontées à des situations qui mettent à rude épreuve les infrastructures comme les milieux de vie.  

 

Les partenaires du monde municipal : une ressource essentielle du monde municipal 

Bien sûr, on ne peut pas exiger que les gens du domaine municipal possèdent toutes les connaissances et qualifications requises pour agir face aux dérèglements climatiques. C’est ici qu’entrent en scène les partenaires du monde municipal [Voir encadré ]. Quand on mentionne l’offre de service que ces gens peuvent fournir aux municipalités, Denis Marion corrige le tir.  

 

Grâce à leur expertise, ces personnes et ces organismes représentent des alliés inestimables pour les instances municipales. Et, selon Denis Marion, les municipalités le savent bien. Cette collaboration entre le monde municipal et les partenaires constitue une alliance bien rodée dont chacun sait tirer profit. 

  

« Présentement, observe-t-il, tous les plans d’action qui sont demandés aux acteurs municipaux exigent la collaboration, le partenariat et la mobilisation d’une foule d’acteurs d’un même territoire. Heureusement, ce sont des forces connues du monde municipal. Celui-ci est très conscient de ses limites et des actions qui gagneraient à être entreprises par des partenaires du monde municipal. » 

 

Les municipalités : un gouvernement de proximité au cœur des changements climatiques 

Les gouvernements de proximité jouent un rôle essentiel dans la création de milieux de vie adaptés aux changements climatiques. Étant aux premières loges de chaque événement météorologique, les municipalités sont les mieux placées pour comprendre les besoins et la réalité de leurs citoyens.    

« On définit le gouvernement municipal comme un gouvernement de proximité, précise-t-il, parce que les décisions prises par les acteurs municipaux ont des impacts directs sur les citoyens et sur leur quotidien. C’est aussi à la lumière de ces impacts qu’on peut constater l’importance du palier municipal dans la vie de la population québécoise. » 

 

En tant que gouvernement de proximité, les instances municipales jouent un rôle clé dans l’adaptation aux dérèglements climatiques. Un rôle dont les municipalités sont tout à fait conscientes, confirme Denis Marion. 

 

« C’est la priorité des deux unions municipales, soutient-il. La Fédération québécoise des municipalités (FQM) et l’Union des municipalités du Québec (UMQ) savent très bien que ce sont les municipalités qui vivent l’impact réel des changements climatiques. Le monde municipal est très conscient de la pression qui va s’exercer sur lui. » 

 

Pourtant, les instances municipales n’ont pas à porter seules le poids de ces responsabilités. Selon Denis Marion, l’importance des MRC, tout comme celle des communautés métropolitaines de Québec et de Montréal, est sous-évaluée au Québec.  

 

Le sujet vous intéresse? Lisez l’entrevue intégrale avec Denis Marion dans notre dossier spécial sur les changements climatiques.  On y aborde notamment les plans climat, le partage des responsabilités entre les gouvernements municipaux et provinciaux et l’évolution des lois et règlements.  

Dossier spécial : Les municipalités en action contre les changements climatiques

Un dossier complet destiné aux acteurs municipaux et aux partenaires du milieu. On y trouve des outils, des statistiques et des informations permettant un passage à l’action pour le mieux-être des communautés.