Sobriété territoriale : les défis des élus et leurs pistes de solution
07 juillet 2025
4 minutes de lectureCet article a été rédigé par
- Équipe AGORA
Le Québec fait face à des défis territoriaux sans précédent (pénurie de logements, crise climatique, étalement urbain, etc.) et la (voir notre lexique) s’impose comme une bonne façon de répondre à ces enjeux. « On parle de milieux plus denses, mais qui sont bien planifiés, explique la mairesse de Montréal, Valérie Plante. C’est la clé pour garantir d’une meilleure qualité de vie pour le futur. »
Mais repenser l’espace de façon plus collective et environnementale n’est pas confortable pour tous, et ne se réalise pas toujours sans heurts. Lors du dernier Rendez-vous Collectivités Viables 2025 de Vivre en Ville, quelques élu·es ont fait état des principaux défis à la sobriété territoriale, et surtout de quelques pistes de solution pour les relever.
DÉFI 1 : Il faut parfois travailler un peu plus fort pour proposer des projets de sobriété territoriale
Les projets liés à la sobriété territoriale nécessitent parfois d’aller un peu plus loin, de travailler un peu plus fort. On ne peut se contenter de faire le strict minimum si l’on souhaite réellement (et durablement !) changer les choses. La mairesse de Sherbrooke l’a expérimenté lorsque sa Ville a eu l’obligation, comme partout ailleurs, de proposer Plan de protection des milieux humides et hydriques.. « On s’est dit qu’on ne ferait pas juste le minimum. On a décidé d’aller plus loin en protégeant aussi les milieux boisés. [..] Ça a demandé un méchant changement de culture à la Ville ! », se remémore-t-elle.
DÉFI 2 : Rallier les collègues et les promoteurs de projets autour de la cause
Le maire de Laval, Stéphane Boyer, ne peut être plus juste lorsqu’il affirme que « changer le monde, c’est un travail d’équipe. Ce n’est pas parce que tu es maire que tu peux le faire ; c’est un travail collectif. » Il importe donc que les élu·es rallient l’administration municipale, les promoteurs, le monde économique et la population (voir le défi 3 !) ; des alliés incontournables pour réaliser des projets avec des contraintes de verdissement, rétention d’eau, densification, etc. « On a beaucoup de promoteurs qui veulent faire de beaux projets. Le monde économique peut être surprenant, ce sont de bons alliés. »
DÉFI 3 : Acceptabilité sociale : contourner le phénomène du « pas dans ma cour »
Des projets qui améliorent le verdissement ou la mobilité durable, c’est bien. Par contre, quand ça signifie de sacrifier des cases de stationnement, ou de voir pousser des multilogements à proximité de son domicile, ça peut devenir drôlement moins séduisant pour les citoyens et citoyennes. « Le phénomène du “pas dans ma cour”, c’est réel, explique le maire de Victoriaville, Antoine Tardif. La personne avec son terrain et sa piscine creusée ne veut pas avoir un multilogement comme voisin, même si c’est une solution à la crise du logement ».
Son homologue de Sherbrooke abonde en ce sens. Selon elle, le réflexe de réfléchir en collectivité se perd. « Les gens sont de plus en plus tournés vers leur bien-être individuel, et ne comprennent pas comment se tourner vers des infrastructures publiques, ça bénéficie à tout le monde. C’est le gros défi en politique », souligne-t-elle.
En allant de l’avant avec un projet qui n’a pas la faveur populaire, l’enjeu peut être de taille pour les élu·es, qui peuvent y jouer leur carrière politique.
Parfois, le temps peut aussi faire son œuvre. C’est ce qui est arrivé à l’ancienne mairesse de Victoria, Lisa Helps, qui a rencontré beaucoup de résistance à « vivre différemment » lorsqu’est venu le temps de faire adopter une réglementation pour permettre de bâtir des logements allant jusqu’à six unités sur les terrains dédiés aux maisons unifamiliales. Le tout, afin de maximiser l’espace. « Les jeunes étaient en faveur du projet, mais pas les gens plus âgés. Ce qui est arrivé à Victoria, avec la crise du logement, c’est que les grands-parents ne pouvaient plus voir leurs petits-enfants, car ces derniers avaient déménagé dans une ville plus abordable. C’est ainsi que la conversation a commencé à changer », raconte celle qui a vu la nouvelle réglementation de zonage être adoptée en janvier 2023, après deux ans de discussions et d’explications.