Villes heureuses : petit guide pour concevoir des municipalités qui favorisent les liens sociaux
02 juillet 2025
4 minutes de lectureCet article a été rédigé par
- Équipe AGORA
On dit que l’ocytocine, surnommée hormone du bonheur, serait libérée lors d’interactions sociales positives. On dit aussi que les personnes qui sont connectées socialement vivent en moyenne plus longtemps que celles qui sont socialement isolées. Et que le manque de relations sociales augmente le risque de décès prématuré.
Inquiet de l’effritement des liens sociaux et de ses effets néfastes, l’auteur et urbaniste Charles Montgomery a évoqué, lors du dernier Rendez-vous Collectivités Viables 2025 de Vivre en Ville, l’importance de concevoir des villes qui facilitent les interactions humaines positives.
« La déconnexion sociale est un enjeu ! », lance d’emblée l’auteur de Happy City ; Transforming Our Lives Through Urban Design (2013) qui avance que le design de nos milieux de vie a le potentiel de résoudre ce défi. Comment ? En remettant les liens sociaux et le bien-être au cœur de la conception urbaine. Pour y arriver, il propose différentes pistes.
En voici quelques-unes, tirées de ses écrits sur le sujet et de sa conférence Reconstruire le lien social.
1. Encourager la densité humaine et la mixité sociale
Ce qu’on souhaite, c’est privilégier une densité douce, et suffisante pour générer de l’animation sans créer la congestion. Il importe de mélanger des logements de tailles et de statuts variés afin d’encourager l’hétérogénéité de la population dans un même secteur (personnes appartenant à des catégories socioprofessionnelles, à des cultures, à des nationalités ou à des tranches d’âge différentes).
L’une des clés pour y arriver, selon Charles Montgomery, ce sont les logements multifamiliaux (multifamily housing). Mais attention : le nombre d’unités ne doit pas être trop élevé, car le contact sera plus difficile à créer dans un lieu impersonnel. L’urbaniste donne l’exemple d’une recherche réalisée auprès des habitants d’un bâtiment de 12 unités. « Avant d’emménager, la plupart mentionnaient se sentir seuls, parfois ou souvent. Après avoir emménagé, aucun d’entre eux ne se sentait seul ! »
2. Penser les lieux de manière à favoriser les rencontres fortuites
Il suggère aussi d’aménager des espaces conviviaux à intervalles réguliers : bancs, petites places, terrasses de cafés, aires de jeux. Cela permet de créer des zones de « friction sociale positive », où les gens se croisent naturellement.
3. Rapprocher les fonctions de la vie quotidienne
La conception de quartiers mixtes, où se côtoient logements, commerces, bureaux, écoles et loisirs sont à proximité, est aussi recommandée. En plus de permettre de limiter la dépendance à la voiture, la proximité permet de multiplier les occasions de déplacements à pied et, ce faisant, augmenter le nombre d’interactions informelles dans la communauté. Les bienfaits de la ville du quart d'heure ne sont plus à prouver !
4. Réduire la domination de la voiture
Dans le même ordre d’idée, il faut réduire la place accordée aux véhicules dans l’espace public. Cela peut passer par l’aménagement de zones piétonnes et de rues partagées, où piétons et cyclistes se sentent en sécurité. Ces types de déplacements sont plus propices aux échanges.
5. Créer des espaces publics accueillants et animés
Mobilier urbain confortable, zones d’ombre, fontaines, jeux pour enfants, marchés ; l’aménagement des rues, places et parcs doit être soigné. Des espaces publics multifonctionnels permettent à la fois aux gens de se déplacer, se détendre et se rencontrer.
6. Multiplier les occasions de contact avec la nature
Les espaces verts accessibles et attrayants augmentent à la fois le bien-être de la population et les usages collectifs. Ainsi, il importe d’en intégrer à l’échelle du quartier en favorisant le verdissement, et la végétalisation des rues, des toitures et des espaces publics.
7. Favoriser les modes de transport actifs et partagés
La moblité durable n'a pas que des effets sur l'environnement. Développer des réseaux cyclables sécurisés et des transports collectifs efficaces permet d’encourager les rencontres. Puisque la marche est propice aux interactions spontanées, les Villes ont avantage à proposer des trajets courts et agréables à pied.
8. S’inspirer des villes qui réussissent
Dans ses interventions, Charles Montgomery évoque certains modèles de villes plus humaines, et donc, plus heureuses. Nous aurions avantage à reluquer du côté de Bogotá (avec ses voies piétonnes et son système de bus TransMilenio), Copenhague (avec ses aménagements cyclables et ses rues conviviales) ou Vancouver (avec ses quartiers compacts et animés).